Le 3 avril dernier, le prix du baril de pétrole s’est envolé suite à la décision de plusieurs pays membres de l’OPEP+ de réduire leur niveau de production jusqu’à la fin de l’année 2023. Devons-nous nous attendre à un rebond du prix du mazout de chauffage en Belgique ?
Moins un million de barils par jour
Plusieurs pays membres de l’OPEP+ ont annoncé une réduction de leur production de pétrole de plus d’un million de barils par jour dès le mois prochain et pour le reste de l’année 2023. Cette décision va à l’encontre des États-Unis qui, compte tenu de l’incertitude sur le marché, demandent une augmentation du nombre de barils par jour. Une augmentation de l’offre permettrait aux prix de baisser et à l’inflation de ralentir. Cette diminution s’ajoute à la précédente coupe de production de 2 millions de barils par jour décidée en octobre dernier. Au total, la production mondiale de pétrole est amputée de 3,5 millions de barils par jour jusqu’à la fin 2023.
Cette nouvelle baisse est orchestrée par les pays suivants :
- Arabie Saoudite : - 500 000 barils par jour
- Irak : - 211 000 barils par jour
- Émirats arabe unis : - 144 000 barils par jour
- Koweït : - 128 000 barils par jour
- Algérie : - 48 000 barils par jour
- Oman : - 40 000 barils par jour
La Russie a également annoncé prolonger jusque la fin de l’année sa baisse de production de 500 000 barils par jour. Cette décision avait été prise en février dernier en réaction aux sanctions de l’Union européenne à son encontre.
Au total, la réduction de la production de pétrole équivaut à 3,7% de la demande mondiale.
Des raisons économiques et géopolitiques
Officiellement, cette décision de l’OPEP+ est présentée comme une « mesure de précaution » pour stabiliser le marché et atteindre l’objectif d’un prix minimum du baril au-dessus des 80 $.
Cette décision n’était pas entièrement inattendue, et ce pour plusieurs raisons. D’une part, le pétrole a enregistré en mars dernier son niveau le plus bas depuis le début de la pandémie de Covid-19. D’autre part, le contexte actuel est marqué par l’inflation et la crise bancaire qui menacent le maintien de la demande en pétrole.
Selon la banque d’investissement Jefferies Group, pour le budget saoudien, le prix d’équilibre du pétrole doit être de 66,8 dollars le baril en 2023. L’Arabie Saoudite a donc tout intérêt à agir pour contrer de possibles nouvelles baisses du cours de l’or noir.
Les autres explications de cette mesure selon Bernard Keppenne, chef économiste chez CBC (source, l’Echo) :
"D’abord, c’est sans ambiguïté un soutien à la Russie de la part de l’Arabie saoudite, et cela explique encore un peu mieux son rapprochement avec l’Iran (allié de Moscou, NDLR, les deux pays étant tous deux visés par des sanctions occidentales, l'un à cause de la guerre en Ukraine et l'autre à cause de son programme nucléaire). Car la hausse du prix du baril permet à la Russie de financer sa guerre."
"C’est ensuite une réponse à l’Europe, qui a décidé d’augmenter la part du renouvelable à l’horizon 2030 et dès lors de réduire sa consommation d’énergies fossiles", analyse M. Keppenne. "L’OPEP+ a intérêt à vendre plus cher son pétrole durant les années qui restent avant la fin de sa consommation."
Suite à cette annonce, le lundi 3 avril, le cours du pétrole a bondi de plus de 6% pour atteindre les 85 $.
Quel effet sur le prix du mazout de chauffage en Belgique ?
Bien que le pétrole brut intervienne pour plus de 60% dans la composition du prix du mazout de chauffage en Belgique, les professionnels du secteur se veulent rassurant.
Selon le Directeur technique de la fédération des négociants en carburant en Belgique, "Chaque fois que l’OPEP ou l’OPEP+ fait des annonces de diminution de production, on a pendant 48 à 72 heures un effet de panique au niveau des marchés boursiers qui fait augmenter les prix du baril et des produits finis, mais après 72 heures, le soufflet redescend et c’est de nouveau l’offre et la demande qui jouent leur rôle pour définir les prix".
Par ailleurs, nous disposons en Belgique d’un contrat-programme fixant les prix maximums des produits pétroliers. L’un des atouts de cette méthode est de limiter l’impact direct d’un hausse soudaine du cours du pétrole sur les prix des produits finis en Belgique.
En conclusion, sans autre évènement perturbateur, une nouvelle flambée des prix n’est pas à craindre.
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